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Im a Bree
20 février 2007

La dernière page

[Ou comment parler de tricherie]

En me regardant dans les yeux, et après avoir recouvré tous vos esprits, vous ne pourriez pas le parier et pourtant, j’ai souvent été une mauvaise fille. [Oui]

A deux ans, je coupais les cheveux de toutes mes poupées sitôt qu’on faisait connaissance, à trois, je décidais de ne plus dormir la nuit en faisant participer mes parents et à cinq, je pleurais tout le temps, même sur les photos [surtout sur les photos].
Trois ans plus tard, j’écrasais les voitures en Légo de mon voisin [voisin si tu me lis… désolée, mais elles étaient trop moches tes voitures de toute façon] avec la massue de mon père [papa, si tu me lis, il est à peine 4hOO du mat’ chez toi, alors tu peux retourner au lit, et puis ça ne t’intéressera pas ce que je raconte ici].

Ensuite j’ai grandi, d’un coup – voilà les centimètres dont je parle en n° 11 dans la liste – mais, il aurait été trop triste d’avouer le contraire, je suis bien entendu restée une mauvaise fille.
Je ne rappelais jamais les copines, j’ignorais les garçons [et leurs foutues blagues à deux balles], je brisais trois cœurs au passage, et mon voisin [le même que cité plus haut] s’est cassé les deux dents de devant à cause de moi parce que je lui ai dit que j’étais plus aventurière que lui.

Après quoi, j’ai encore grandi mais seulement sur le calendrier. Et je suis devenue encore plus mauvaise fille et ça, ce n’était pas que dans le calendrier.
Par exemple, j’ai acheté un lecteur MP3 avec l’argent tombé du sac à mains d’une mamie devant moi à la caisse [je lui aurai bien rendu sauf qu’elle m’avait doublée et qu’elle a fait comme si elle ne savait pas pourquoi je la regardais avec des yeux revolvers].
J’ai aussi brûlé la lettre d’admission à l’université de Paris IV de ma colocataire histoire qu’on reste ensemble l’année suivante et qu’on partage le loyer. [Oui, je sais, il est dangereux de vivre avec moi.]
Pour renforcer le tout, j’ai l’intime conviction d’être la seule du groupe à avoir volé à l’étalage en dénonçant les autres pour ne pas être retenue. [Les gars, si vous me lisez…]
Bref...
Tout ceci fait de moi une mauvaise fille au portrait peu glorieux. Vous me direz, les deux vont bien ensemble...

Toutefois, quand je jette un regard – surpris – sur mon passé, je constate que la chose la moins terrible que j’ai faite et que je fais encore, finalement, c’est de lire la dernière page d’un bouquin avant de me décider à l’acheter.
Comme je l’avouais à Second Flore – oui, je sais, c’est un nom étrange pour une personne mais ne vous inquiétez pas, il mord pas – c’est une sorte de politique de la non-surprise, ok, de tricherie, si vous y tenez, mais c’est surtout pour ne pas être dégoûtée par une fin totalement inattendue et décevante.
Et les auteurs ont le chic pour ça, pas la peine de mentir. 3OO pages dans un bouquin, ça ne veut pas dire 3OO pages extra.
Et je ne sais pas si vous êtes comme moi – je ne parle pas de la liste exhaustive ci-dessus, heureusement pour vos poupées, hein – mais en sachant que les 2OO premières pages peuvent être aussi merveilleuses que les 1OO dernières totalement pourries, je ne peux pas m’empêcher de tricher et de commencer par la fin. Désolée mais... nan je peux pas.

Je ne vois pas là une forme de trahison pour les efforts de l’auteur, n’exagérons pas.
Il m’arrive, heureusement pour eux et heureusement pour moi, d’acheter certains bouquins même en ayant lu le mot de la fin avant son commencement.
C’est très mal élevé, je le sais bien, c’est comme roter à table quand on n’est pas en Asie.
Mais c’est plus fort que moi. Rien à faire.

Et puis, surtout, je trouve que la dernière page n’est pas la plus belle surprise d’un livre... Non ?
[Et je trouve aussi que je ne suis pas si mauvaise fille que ça… Si ?]

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Attention : ce texte était bien sûr à réserver à un public averti [trop de choses horribles à lire] ;
Attention bis : le public devait être averti que le texte était à prendre à 50% au sérieux, à 45% avec une touche d’humour et avec les 5% restant, comme il le voulait ;
Attention ter : j’aime bien mettre en garde quand il est trop tard [une façon de vous faire lire le début de ce post à la fin comme si vous aussi, vous aviez triché ; je sais, je suis trop forte.]

travel_meditations_

Nota : la photo est tirée du merveilleux petit ouvrage de Laura Stoddart Off the beaten Path et dont les illustrations, aussi exquises qu’un beignet varsovien dans un après-midi ensoleillé, ne réclament pas de lire la dernière page pour avoir envie de dévorer le contenu.
Bénit soit le beignet.

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Commentaires
G
J'en prends bonne note. Et je file lire tes nouvelles nouvelles. [répétition volontaire évidemment]<br /> g.<br /> [qui n'avait pas fait le rapprochement, trop de choses à faire en même temps sans doute]
G
C'est vrai, même en ayant lu la dernière page, on ne peut pas comprendre la fin si on n'a pas dévoré ce qui précède...<br /> g.<br /> [ce qui me fait penser que j'ai faim]
G
Je me demandais quand tu allais passer par là !<br /> g.<br /> [qui ne va pas te contredire sur ce coup-là... j'aime trop la bonne chair, euh, je veux dire, je ne suis pas une mauvaise fille]
S
OK, je me rends (à la fin)<br /> Et je transige : de toute façon, les meilleurs livres sont ceux dont on ne peut comprendre la fin qu'en ayant lu ce qui précède. (j'avais écrit sur mon 1er blog une note que j'aimais bien sur le "grand-roman-bien-ficelé" dont la fin est tjs décevante...)<br /> Et jamais une bonne fin ne saura justifier un livre moyen. (bonne nuit!)
F
Moi je ne crois pas que tu sois une mauvaise fille, tu aimes trop la bonne chair pour une pas être une fille conviviale et adorable !
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