Un petit air
[de vacances]
Bon, ça va pas être simple mais y’a quelque chose d’affreux que je
dois vous dire...
Partir en week-end, c’est l’horreur.
Nan parce qu’en général, on choisit
pas de le passer n’importe où le week-end.
Avec une tonne d’enthousiasme, les
économies qu’y avait dans le cochon rose qu’a fini en miettes, et de Grandes
Espérances – au cas où y’a rien à la télé – on va évidemment tout faire pour
que ce soit dans un coin paisible, au calme et sans la moindre contrariété…
Et bah pour moi, ce week-end
c’était… exactement ça.
Mais tout ce que je vais voir en vérité, ce
sont des toilettes publiques en forme de trous – des toilettes turques si vous
préférez – et le moindre morceau à se mettre sous la dent ressemblera à un poulet
tué trois semaines plus tôt.
Alors évidemment, moi dans ces
cas-là, je suis à 2OO% Bree, comme quand je veux|peux plus toucher à rien à moins
d’avoir l’aval de l’inspecteur de l’hygiène juste à côté de moi.
Pourtant j’ai faim, vous me
connaissez maintenant, et l’estomac ne gargouille plus, il gronde. Quant à la
vessie…
Bref pas facile pour résumer.
Tout ça me fait trop rêver pensez donc ; la preuve,
je vais ronfler durant presque tout le trajet.
Bon, j’entretiendrai quand même un
peu la conversation avec mon chéri, un homme formidable qui sait conduire à
gauche sans oublier les rétroviseurs.
"On est bientôt arrivés ?"
Nota à toi, lectrice ou lecteur : j’espère que tu ne crois pas tout
ce que je dis quand même hein.
Imaginons qu’il n’y a qu’une seule
bouse à dix kilomètres à la ronde, bah vous êtes tranquilles, elle sera pour
moi.
Et quand on sait qu’après la photo,
faut remonter dans la voiture [vais pas faire le circuit à la marche non plus
oh] bah ça se complique légèrement…
Sur place c’est beau, c’est grand,
c’est la nature quoi. Et moi la nature ça me parle tout de suite.
La preuve avec ce lézard dans la
chambre. J’ai un peu de mal avec les bêtes et, d’une façon inexplicable, plus
elles sont petites, plus j’ai du mal…
Et pour en revenir à celui qu’est dans
la chambre, bien sûr, il veut pas partir, ce serait trop simple.
Nan lui c’est un petit joueur qui préfère
aller se cacher dans la plinthe juste au-dessus du climatiseur, trop futé le
coco.
Moi, en pleine crise de panique : Mais si on ferme bien les
fenêtres, y’a pas de raison qu’il y ait des moustiques hein chéri ?
Le chéri, en pleine prise de conscience des crises de panique de sa douce et tendre : silence.
Mais il faut que je vous dise qu’en
plus des moustiques, y’avait des fourmis et je sais pas pour vous, mais moi quand
on me parle de fourmis, je me mets tout de suite dans l’idée qu’elles vont me
passer sur le corps. Bon je sais pas trop dans quel but [pour me porter ?] mais
elles vont le faire ça c’est sûr.
Et là, désolée mais, nan je peux
pas.
Faut dire aussi que, pour en
revenir à quelques heures plus tôt, happée dans un rêve de premier ordre – le
genre de rêve que je peux pas raconter ce serait trop long – je me suis laissée
bercer par la musique et par la… clim de la voiture.
En conséquence de quoi [et oui,
toujours la même] je me suis retrouvée avec un nouveau torticolis le soir venu.
Bref. Abrégeons les mauvais
souvenirs à défaut de la douleur.
Je suis intimement convaincue qu’y
a pas de danger à traverser ces grandes routes à l’américaine et à
photographier le paysage, les vaches et les fermiers comme si j’avais fait ça
toute ma vie.
Sauf que là, à défaut de marcher
dans une autre bouse, je me suis retrouvée scrutée de la tête aux pieds par des
habitants intrigués.
C’est un peu comme s’ils
s’émerveillaient partout où je passe. Au début, c'est marrant mais après ça devient un peu gênant.
Sur le coup, une fois encore, je me
demande juste si j’ai pas un singe sur la tête ou une trompe d’éléphant à la
place du nez – une bizarrerie quoi – quand soudain j'ai repensé que j’avais fait un soin du visage YSL la veille au soir et que ça me donnait
un teint de pêche que tout le monde m’envie alors voilà.
Mon chéri lui pense plutôt que c’est parce
qu’il y a peu d’occidentaux qui s’aventurent par là mais moi je sais que le
chéri n’est pas du tout attentif au teint de pêche bref on sait donc qui a raison.
Et bien d'abord je vous répondrai : on dit pas ‘où ça que c’est’.
Et ensuite je vous montrerai avec mon gros
doigt sur la carte.
C’était à quelques trois heures de
Bangkok, un peu dans le Nord, un peu plus à l’Ouest.
Et c’était tout simplement... génial.
Mais voilà où c’est que c’est
l’horreur :
Bah après tu veux plus rentrer.
Nota : cette photo, bien que très loin de donner un aperçu de la fameuse verdure et de ses bouses de vache - nan allez j'arrête, y'a pas que ça dans la brousse hein - me représente assez bien quand je suis sur le point de partir en week-end...