Eat Me

Oui, enfin, je vous arrête tout de suite, hein.
Pas la peine de vous faire des idées.

Eat Me, c'est pas une invitation pour venir me manger, c'est un restaurant perdu au milieu de nulle part.
Quand je dis nulle part, j'entends par là une ruelle sans lampadaires.
Il faut connaître pour y aller. Ou alors avoir une sacrée faim et oser s'aventurer dans le noir (en sachant, je le précise pour les nouvelles ou nouveaux venus, que je suis à Bangkok, ville habitée par 6 Millions d'habitants et quelques... j'ose à peine y penser... dizaines de centaines de cafards)

A la base, j'avais très faim (j'ai souvent très faim, vous verrez) mais c'était aussi parce que j'adore les photos (j'adore beaucoup de choses, vous le verrez aussi) et que le restaurant proposait une exposition de plusieurs clichés sur Chinatown.
Mais pas de n'importe où : à New York.
(Je précise car nous avons aussi Chinatown à Bangkok)

Que dire sur Eat Me et la soirée sans passer pour une prétentieuse boulimique de gastronomie qui veut faire un commentaire comme si elle était guide pour le Zagat ?

Eat Me ne vaut peut-être pas d'y retourner mais en tout cas, ça vaut bien d'y aller une fois.
On avait entendu que c'était un peu cher pour un restaurant en thaïlande mais on avait envie de changement...
Et on a eu de la chance, on est arrivé comme un cheveu sur la soupe et il y avait encore deux tables de libres.

L'expo en elle-même, pour le peu que je puisse avoir de respect pour le photographe sans même le connaître, manquait cruellement d'atouts.
Des photos agrandies et scotchées à même le mur (sans cadre) c'est juste bon pour un auteur trash qui finira sûrement par se servir de ses propres clichés comme papier toilette...
Mais franchement, je pense que si j'exposais un jour mes photos, je ne m'y prendrai pas comme ça...

Maintenant, pour ce qui est du restaurant en lui même...
L'ambiance est tamisée juste ce qu'il faut pour lire la carte, voir ce qu'on nous sert et se regarder les yeux dans les yeux avec son chéri.
Il y a même un balcon mais bon, quand on arrive comme un cheveux sur la soupe, ça a beau être un cheveu blond, ça reste un cheveu dans la soupe.

En tout cas, je n'ai pas besoin de connaître le vocabulaire (que j'affectionne pourtant beaucoup) d'un sommelier pour vous dire avec de plus beaux mots à quel point ce que nous avons mangé était un vrai délice.
Poulet à la citronelle pour moi mais je me suis tellement concentrée à ne rien laisser dans l'assiette que j'ai oublié ce qu'a commandé mon chéri.
Mais à voir l'état de la vaisselle à la faim du repas, personne n'aurait pu remettre en question les talents du chef !

Le serveur, un peu (trop) branché à mon goût est allé jusqu'à nous dessiner des cakes sur la nappe histoire de nous mettre l'eau à la bouche mais, sans vouloir le vexer, si j'avais du choisir, j'aurais encore préféré l'expo...

Quant à la note, elle arrive sur la table comme dans une bouteille jetée à la mer.
Après tout, on n'était peut-être obligés de la repêcher ?